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BANDE DE GAZA : CONSEQUENCES HUMANITAIRES D'UNE DECENNIE DE BLOCUS

Le blocus de la bande de Gaza fait référence au blocus terrestre, aérien et maritime que subit la population de ce territoire depuis plus de dix ans. En effet, la bande de Gaza est enclavée entre la mer Méditerranée, Israël et l’Égypte et est un des principaux théâtres des affrontements israélo-palestiniens. Ce conflit trouve ses racines en 1948 avec la création de l’État d’Israël, et a connu de nombreux points culminants, tels que la guerre des Six Jours en Juin 1967, également connue sous le nom de Troisième guerre israélo-palestinienne. Ce conflit a particulièrement marqué l’histoire, puisqu’il entérinera des positions s’apparentant à un régime d’assiègement des territoires palestiniens par les autorités israéliennes. A cet égard, le Conseil de sécurité des Nations Unies dans sa résolution 242 du 22 Novembre 1967 avait qualifié la bande de Gaza de « territoire palestinien occupé », qualification que le Conseil a réitérée par la suite. Les origines du blocus de ce territoire Depuis 1967 et la victoire d’Israël contre l’Égypte et la Syrie, l’État hébreu exerce son autorité sur la bande de Gaza, contrôlant ainsi l’accès à ce territoire. Cette situation a entrainé des contestations populaires, qui ont mené à l’exacerbation des tensions lors des Intifada dans les années 1980. Ces révoltes ont tenté d’être endiguées lors des négociations d’un processus de paix en 1993 avec les Accords d’Oslo, qui se poursuivra en 1995 avec l’Accord intérimaire sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Cet accord prévoyait la division du territoire en trois zones, chacune correspondant à un partage de la souveraineté entre Israéliens et Palestiniens. Dans ce schéma, la bande de Gaza appartenait à la zone A attribuée au contrôle palestinien, mais l’assassinat du Premier ministre israélien Isaac Rabin en 1995 a enterré ces espoirs de paix. C’est en réaction à l’élection au pouvoir du Hamas – très hostile à la reconnaissance de l’État hébreu – dans la bande de Gaza en 2006 et de l’enlèvement d’un de ses soldats, qu’Israël décidera d’un blocus sur ce territoire. Dès lors, plus aucune matière première ni aucune marchandise n’a été autorisée à entrer, ce qui a entrainé un rationnement des biens de première nécessité et une mise en péril de l’économie locale. Officiellement, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu justifie ce blocage par des motifs sécuritaires : il estime que des armes pourraient entrer sur le territoire de la bande de Gaza et servir au Hamas pour combattre contre les Israéliens. En effet, depuis 2008, l’instabilité politique et les violences entre les deux protagonistes sont récurrentes et ont déjà conduit à trois guerres. Des tirs de roquettes depuis Gaza vers Israël ont encore été rapportés en Octobre 2020, mais ces offensives sporadiques et les raids aériens de riposte sont en premier lieu fatals pour les populations civiles. En ce sens, le rapport Goldstone de la mission internationale indépendante d’établissement des faits sur le conflit à Gaza de 2009, rédigé à la demande du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, avait accusé l'armée israélienne et des groupes armés du Hamas d'avoir perpétré des actes pouvant constituer des crimes de guerre, voire des crimes contre l'humanité. Les impacts du blocus sur la population civile Les premières victimes de ce blocus sont les populations Gazaouies, dont la vie quotidienne est grandement affectée. Pourtant, en occupant le territoire de la bande de Gaza, Israël doit se soumettre au respect des principes de droit international humanitaire régissant l’occupation, inscrits dans les Convention de Genève de 1949. A cet égard, la puissance occupante a le devoir d’assurer des conditions de vie satisfaisantes, comprenant par exemple l’approvisionnement en vivres et la pratique des soins médicaux nécessaires. En réalité, la plupart des structures médicales sont détruites et les pénuries de médicaments essentiels récurrentes. La bande de Gaza est un des territoires les plus densément peuplés, avec près de 2 millions d’habitants dont 1,3 millions de réfugiés en 2018 selon l’United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (UNRWA) qui vivent dans les 8 camps du territoire. En 2018, alors que le blocus perdure depuis onze années, les luttes internes entre le Fatah – parti politique de libération de la Palestine fondé par Yasser Arafat – et le Hamas s’ajoutent à la crise. Dans ce contexte de cristallisation des tensions, les populations Gazaouies décident d’organiser une « Grande marche du retour » en mars 2018, qui s’est matérialisée par un exode des réfugiés palestiniens vers leurs terres d’origine. Cette manifestation a été violemment réprimée et a entrainé près de 18.000 personnes blessées, selon Médecins du Monde. Un an après ces évènements, le rapport de la Commission d’enquête sur les attaques militaires israéliennes contre les manifestations civiles palestiniennes, instituée par le Conseil des droits de l’Homme, a conclu à de possibles violations des droits humains et du droit international humanitaire, et a appelé Israël à engager des enquêtes. En 2020, selon le rapport « Humanitarian Overview 2020 » pour les territoires palestiniens occupés du United Nations office for the coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), le nombre de personnes affectées par le blocus de Gaza est estimé à 1,5 million, dont environ 755.200 personnes en situation grave nécessitant une assistance humanitaire. En parallèle de ces conséquences humanitaires, les Gazaouis sont également en proie à un taux de chômage estimé à 48,2% en 2019, un des plus élevés au monde. En effet, selon Michael Link, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, il n'existe pas de situation comparable dans le monde où une population subit un tel contrôle de la part d’une puissance occupante, qui viole ses obligations en matière de droits de l'Homme et d'aide humanitaire. L’aggravation de la crise humanitaire en raison de la pandémie de Covid-19 Alors qu’un rapport de l’ONU en 2012 présageait déjà que sans un changement fondamental, la bande de Gaza deviendrait « invivable » en 2020, la pandémie de Covid-19 dans ce territoire pourrait provoquer un « séisme socioéconomique » selon le CICR. La crise humanitaire prend désormais une autre forme qui nécessite un soutien médical d’urgence pour endiguer la propagation du virus. Cette pandémie s’ajoute au blocus, c’est pourquoi certains acteurs humanitaires appellent à une trêve dans les conflits. En ce sens, le Président de Médecins du Monde, Philippe de Botton estime que « Israël, en tant que puissance occupante, doit immédiatement lever les restrictions aux secours humanitaires et médicaux entrant dans la bande de Gaza et faciliter la mise en œuvre de l’action humanitaire essentielle ».



Célia Faure

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