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CLIMAT ET NUTRITION: LE COMBAT CONTINUE

Dernière mise à jour : 29 nov. 2020

Dans son rapport publié le 11 septembre 2018, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) alerte la communauté internationale : « Outre les conflits, la variabilité du climat et les extrêmes climatiques figurent parmi les facteurs clés de la récente recrudescence de la faim dans le monde et sont l’une des causes principales des graves crises alimentaires. Les effets cumulés du changement climatique sont préjudiciables à toutes les dimensions de la sécurité alimentaire (disponibilité, accès, utilisation et stabilité) ». En 2017, 821 millions de personnes souffraient de la faim, soit une personne sur neuf. D’après les dernières estimations de la FAO, l’Afrique reste le continent le plus touché : plus de 51 millions de personnes, soit 21% de la population. En Asie, 11,4% souffrent de la sous-alimentation, tandis qu’en Amérique du Sud, cela concerne 5% de la population. Dans ces régions, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’être touchées par une insécurité alimentaire grave, ce qui signifie qu’elles ne disposent plus d’aliments et ont parfois passé une journée entière sans manger pendant l’année. En Amérique du Sud, cela représente 8,4% de femmes pour 6,9% d’hommes. Concernant les enfants, au niveau mondial, plus de 50 millions des moins de 5 ans sont touchés par l’émaciation, et 151 millions d’entre eux ont un retard de croissance. Toujours selon ce rapport onusien : « Le nombre d'enfants souffrant d’un retard de croissance a également diminué, passant de 165,2 millions en 2012 à 150,8 millions en 2017, soit une baisse de 9 pour cent sur cette période de cinq ans. ». Selon Action Contre la Faim (ACF), une personne meurt de faim toutes les dix secondes. La famine est déclarée dans un pays lorsque 20% des foyers sont confrontés à une grave pénurie de nourriture, que 30% de la population souffre de malnutrition aiguë et que 2 personnes sur 10 000 meurent quotidiennement de la faim.

Quel lien entre changement climatique et famine ?

Selon le groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat, le changement climatique causera :

- L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles et des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et les ouragans ;

- L’élévation du niveau de la mer et la contamination ou salinisation des réserves d’eau et des terres agricoles ;

- La modification des régimes des pluies entraînant une réduction de la productivité agricole dans les zones déjà fragiles, en particulier en Afrique subsaharienne ; - La diminution de la qualité et de la disponibilité de l’eau dans les régions arides et semi-arides ;

- La multiplication des problèmes de santé et d’assainissement, ce qui se répercutera sur les taux de malnutrition.

En d’autres termes, le changement climatique entraînera une perte conséquente des moyens de subsistance, menant à des difficultés d’approvisionnement et donc à une flambée des prix rendant inaccessibles les denrées de première nécessité aux plus pauvres. De plus, une pénurie d’eau menaçant directement la sécurité sanitaire et nutritionnelle impactera en premier lieu les plus vulnérables, à savoir les femmes et les enfants. Finalement, l’accroissement des inégalités entre les Pays du Nord et ceux du Sud se perpétuera. En 2009, Ban Ki Moon, ancien Secrétaire général des Nations Unies, disait : « Le changement climatique influe sur tous les aspects de la société, de la santé de l’économie mondiale à la santé de nos enfants. Il a une incidence sur l’eau qui alimente nos puits et coule de nos robinets, sur la nourriture que nous consommons (…). En bref, il se trouve au cœur de tous les grands défis d’aujourd’hui. ». Cependant, la question reste très peu discutée autour des tables de négociations internationales, et ce, alors même que les prévisions les plus optimistes estiment que le changement climatique aura un impact inévitable sur la nutrition. À titre indicatif, les prévisions optimistes annoncent qu’en 2050, la sous-alimentation en Afrique augmentera de 25 à 90%. En guise de traduction : les individus participants le moins au réchauffement climatique seront le plus fortement impactés. Stéphanie Rivoal, présidente d’ACF, affirme que le lien entre changement climatique et nutrition n’est plus à démontrer. Elle ajoute : « L’agriculture est pensée comme un business, et non pas comme une agriculture qui nourrit les êtres humains. ». Dans son rapport de 2017, en plus des causes et conséquences du changement climatique sur la sécurité alimentaire, l’ONG aborde la question de la migration et des conflits. La raréfaction des moyens de subsistance exacerbe les tensions du fait de la concurrence sur les ressources tant au niveau national qu’international. La migration pour de meilleures conditions de vie, les déplacements forcés dus aux épisodes climatiques extrêmes, la violence et les guerres civiles pour le contrôle des ressources, le climat affecte toutes les données. Pascal Revault, le directeur Expertise et Plaidoyer d’ACF, explique: « Pour pallier à ce problème, il faut repenser entièrement notre approche de l’agriculture et promouvoir des systèmes alimentaires qui soient durables et nutritifs ! L’agriculture est le premier contributeur au changement climatique avec 70% des émissions de gaz, tandis que les sècheresses sont à l’origine de 80% des pertes agricoles. Il est urgent d’adopter une transition agroécologique avec des modes de production qui soient durables et qui bénéficient aux plus vulnérables. ». Alors que dans les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies « Faim zéro en 2030 » arrive en seconde place, sans actions concrètes et conjointes des gouvernements et de la société civile, cet objectif reste illusoire: 600 millions de personnes supplémentaires souffriront ainsi de la faim d’ici à 2080 à cause des dérèglements climatiques.


Marissa Siline

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