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Nadia Ouerfelli

IRAN : LA RÉVOLTE D'UNE SOCIÉTÉ EN DEUIL

Dernière mise à jour : 9 févr. 2023

Au cours du XXe siècle, l’Iran a fait face à de nombreux changements sociaux et politiques, notamment en ce qui concerne le respect des droit humains. Il est difficile de séparer la caractéristique religieuse de la société iranienne car l’Islam chiite est le fondement de son droit. L’Iran a connu des montagnes russes de points négatifs et positifs face à la demande d’une liberté plus républicaine et démocratique en manifestant pour le droit d’expression, le droit d'accès à l'éducation ou encore l'accès aux fonctions politiques. En 1997, une reconquête de liberté émerge, marquée par une présence féminine conséquente. Celle-ci va néanmoins disparaitre avec l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005 sous le contrôle de l’ayatollah Khamenei, religieux musulman chiite occupant la plus haute fonction politique dans le pays.


Manifestation de solidarité pour Mahsa Amini à Istanbul.

Bien entendu, cela impacte d’une certaine mesure la scène internationale. L’Union européenne a notamment appelé le gouvernement de la République islamique d'Iran à cesser de restreindre la liberté d'expression, de réprimer les opposants politiques, et d’appliquer des peines inhumaines telles que l'amputation et la peine de mort, y compris à l’égard des mineurs. Le recours à la torture y est courant, il impose de surcroit des sanctions telles que la lapidation et n’hésite pas à discriminer les femmes de même que les minorités ethniques et religieuses. Par ailleurs, le nombre de condamnations à mort et de détentions arbitraires ne cesse d’augmenter depuis 2005.


Aujourd’hui l’Iran est sous le régime des mollahs. L’exécutif à deux têtes est composé d’un chef religieux qui détient un pouvoir absolu et un président élu au suffrage universel pour quatre ans. Dans cette théocratie, le pouvoir appartient aux représentants du monde religieux. Toutefois, il est possible de constater que le régime iranien menace les droits des femmes, qui sont en constant recul depuis 1979. Certaines lois récentes en sont des exemples concrets, telles que la loi de 2010 sur la diffusion de la culture de la chasteté et du voile, qui a chargé au moins 26 organes gouvernementaux d’imposer le port du voile aux femmes iraniennes. En 2012, le régime a également mis en place un vaste plan dans toutes les universités interdisant 77 domaines d’étude aux étudiantes tout en leur imposant des quotas d’admission.


Le cas de Mahsa Amini a été l’élément déclencheur d’un mouvement social et politique d’une grande envergure. Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini a été arrêtée par la police des mœurs pour « tenue incorrecte ». Alors qu’elle se tenait avec sa famille à la sortie de l’autoroute qui menait à Téhéran — la capitale — la police a interpelé son frère qui était présent, avant d’arrêter Mahsa. La police a par la suite prétendu l’emmener dans un centre de détention, où elle aurait reçu une courte éducation morale avant d’être libérée dans l’heure qui aurait suivi. La réalité est autre. Des rapports avancent que Mahsa aurait subi un coup de matraque à la tête. Son frère aurait rapporté avoir entendu des cris pendant qu'il attendait sa sœur devant le siège de la police des mœurs, que d’autres ont aussi entendus. Mahsa Amini a été transportée à l’hôpital le jour même et a sombré dans le coma. Trois jours plus tard, elle succomba à ses blessures. La population iranienne a dès lors conclu que la cause du décès était due à des violences policières.


Des violentes manifestations contre le régime des mollahs ont eu lieu en Iran dès l’annonce de la mort de Mahsa Amini. Les femmes ont enlevé publiquement leur hijab ou se sont coupées les cheveux en signe de protestation contre le régime. Toutefois, la répression de ces manifestations par les forces de l’ordre a été marquée par l’usage de la force létale. Plus de 66 personnes sont mortes le 30 septembre 2022 à Zahedan à cause de l’usage de gaz lacrymogène et de balles réelles sur une foule qui comprenait des femmes et des enfants. Ce jour est depuis considéré comme le « vendredi sanglant » par les Iraniens.


Au XXIe siècle, la position de la femme dans la société iranienne reste encore un sujet préoccupant. Il est d’autant plus difficile de sortir pour les femmes que d’avoir le courage d’affronter leurs oppresseurs. Il est évident que les femmes iraniennes se battent pour leur liberté fondamentale au prix de leur vie, on remarque également que ce type de problématique concerne les femmes uniquement et non la population masculine, laissant place à une violente séparation de genre dans la société iranienne. Ces derniers jugent la lutte comme cruciale car les problématiques actuelles concernent aussi les femmes de leur entourage. Le 18 septembre, lors d’un entretien du président Ebrahim Raïssi à la famille de Mahsa Amini, celui-ci déclara : « Votre fille est comme ma propre fille et j’ai l’impression que cet incident est arrivé à l’un de mes proches ». Il leur promit à ce sujet d'ouvrir une enquête au sujet de sa mort.

L’Iran fait peut être face à plus qu'un mouvement mais à l'un des plus grands changement de son pays, amenant le peuple iranien vers la promesse d'un avenir meilleur.



Nadia Ouerfelli


Image © - Associated Press

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