Lors de la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, Miroslav Lajčák, alors Président de l’Assemblée, rappelait l’objectif commun de permettre l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement. En effet, le constat est alarmant : 2,1 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable à leur domicile et plus du double ne disposent pas de services d’assainissement sûrs. Ce lundi 19 novembre, la communauté internationale célébrait le « World Toilet Day » dont le but est de prendre des actions concrètes pour permettre qu’en 2030, l’ensemble de la population mondiale ait accès à des toilettes. Il est nécessaire de garantir des services élémentaires en eau potable et un assainissement en toute sécurité pour prévenir les maladies dues au manque d’hygiène. Ces services élémentaires se matérialisent, pour chaque foyer, par la mise en place d’une source d’eau potable protégée à moins de trente minutes du domicile, de toilettes ou latrines améliorées privatives, et d’installations dans l'habitat permettant le lavage des mains au savon et à l’eau. De plus, une eau potable et un assainissement adéquats sont essentiels pour préserver la santé des enfants qui sont les premiers touchés par la propagation des maladies. De grandes inégalités persistent aujourd’hui, et le programme commun de l’OMS et l’UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement (JMP) estime pour 90 pays que les progrès sont trop lents et ne permettront pas d’atteindre les objectifs fixés à l’horizon 2030. En effet, ce programme prévoit d’assurer l’accès équitable et universel à l’eau potable ainsi qu’à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats, et mettre fin à la défécation à l’air libre en accordant une attention particulière aux besoins des femmes, des filles et des personnes en situation de vulnérabilité. La situation dans les pays d’Asie s’est nettement améliorée depuis le début du XXIème siècle notamment en Inde et en Chine, où quasiment toute la population a dorénavant accès à l’eau potable. En Asie du Sud-Est, la situation est plus nuancée même si des progrès ont été faits. L’accès à l’eau potable au Laos est passé de 46% en 2000 à 80% en 2015. En revanche, de nouveaux projets sont nécessaires pour permettre un meilleur assainissement. Beaucoup de villages manquent d’installations sanitaires (seulement 57% de la population à accès à des équipements adaptés) et la défécation en plein air est courante surtout dans le sud du pays, ce qui entraine un risque accru de maladies. Le pays ne manque pas d’atouts : ressources minières et hydroélectriques ainsi qu'une production agricole certes faible mais de qualité (café bio et équitable). Ainsi, favoriser le développement rural pour les 65% de la population travaillant dans le secteur agricole est l’un des défis à relever pour le pays. De nombreuses ONG sont présentes sur place pour financer et mettre en place des projets, notamment en eau, assainissement, et hygiène (WASH). L’Agence Française pour le Développement participe également en soutenant le développement rural et agricole et en appuyant le réseau des ONG. La situation au Cambodge est particulièrement intéressante puisque le pays a dû se reconstruire presque entièrement après la guerre civile: il n’y avait plus du tout d’infrastructures sanitaires. De nombreux investissements au cours des années 1990 ont permis un développement, et, aujourd’hui, 75% de la population a accès à l’eau potable. Or, les dispositifs d’assainissement restent insuffisants, et dans certaines zones, l’eau est complètement polluée avec un taux d’arsenic élevé. De surcroît, les conditions météorologiques entravent souvent le développement puisque 80% des précipitations reçues en une année tombent durant la saison des pluies, provoquant ainsi des inondations. Les enfants sont souvent victimes de graves maladies (diarrhées, typhoïde) du fait de l'eau insalubre et du manque d’hygiène, d’où l’importance de la prévention dès le plus jeune âge. L’année dernière, la Banque asiatique de développement a approuvé un prêt de cinquante millions de dollars pour développer et améliorer les services d’approvisionnement en eau et en assainissement dans les zones urbaines du Cambodge, ainsi qu’une subvention pour aider à financer une nouvelle usine de traitement des eaux usées. Tout cela montre que les investissements perdurent au Cambodge, même si l’assainissement en zone rurale reste l’un des grands défis du pays. Enfin, le développement du Viêt Nam a permis de sensiblement améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement. Le pays se rapproche en effet, d’année en année, de l’accès universel en eau potable. En 2015, 78% des habitants utilisaient des toilettes ou des latrines répondant aux normes internationales. Or, dans les zones rurales et montagneuses où vivent des minorités ethniques, les infrastructures restent souvent absentes ou peu développées. Cet accès difficile à l’eau oblige ces populations à utiliser l’eau des rivières, ce qui pose des problèmes au niveau sanitaire: les femmes et enfants sont exposés aux infections en permanence. L’ONG Xuân vient en aide aux enfants défavorisés dans les zones éloignées du Viêt Nam. Pour ce faire, elle a lancé son projet WASH dont le but est de fournir de l’eau et des toilettes dans les écoles les plus pauvres du pays. Tout cela permet d’améliorer la santé des enfants en évitant la propagation des maladies. Par ailleurs, une meilleure hygiène est essentielle pour donner aux enfants la chance d’apprendre dans de bonnes conditions. Concernant les filles, les toilettes privées répondent à leurs besoins spécifiques et respectent leurs intimités. Nous le voyons, l’accès à l’eau et à l’assainissement reste un enjeu essentiel pour la communauté internationale, représentant l’objectif n°6 de développement durable de l’Organisation des Nations Unies. Ces objectifs donnent la marche à suivre pour un avenir meilleur et durable pour tous, là où l’eau a une place fondamentale.
Jules Deloison
Comments