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L'AMAZONIE : LA MENACE SUR LES PEUPLES INDIGÈNES

« Au rythme où vont les choses, dans trois ans on n’aura plus rien et on n’aura plus d’air pour respirer » disait le Grand chef du peuple Kayopo en Octobre 2019, au micro de Hugo Clément. Les expressions autochtone et indigène ont sensiblement la même signification. Mais en français, l’expression « autochtone » met en avant le fait d’avoir des ancêtres qui était déjà présent dans ce pays tandis qu’en espagnol, c’est l’expression « indígena » qui est utilisée pour cela. La déclaration sur les droits des peuples autochtones, adoptée par l’Assemblée Générale en 2007, explique par ailleurs quels sont les critères permettant de définir cette notion de « peuple autochtone » : la différence avec le reste de la population, l’absence de domination, un fort lien avec les territoires et les ressources naturelles qui les entourent, une langue, culture et croyances qui leur est propre etc… Au sein de la forêt amazonienne, « poumon vert » de notre planète, les autochtones sont environ 900 000, réparti en plus de 600 tribus. La très grande majorité de l’Amazonie se situe sur le territoire du Brésil. D’ailleurs, la multiplication des incendies en aout 2019 ainsi que l’augmentation de la déforestation de plus de 38% par rapport à 2018 a suscité une vague de critiques de la part de la communauté internationale contre le Président Bolsonaro, climato sceptique. Le Président Bolsonaro prône également une politique anti-autochtone. Il veut de ce fait ouvrir les territoires des autochtones à l’exploitation agricole, forestière et minière. Ce projet, présenté le 5 février 2020 comme un amendement d’un article de la Constitution brésilienne, constitue aujourd’hui l’une des menaces principales contre ces peuples indigènes. Dans ce contexte, il est alors possible de se demander quelles sont aujourd’hui les principales menaces pour les indigènes face à la destruction de la forêt amazonienne ? Et est-il possible de pallier à cela ? La déforestation et l’exploitation minière : menaces principales L’amendement à l’article de la Constitution permettrait l’exploitation des richesses minérales et du potentiel hydroélectrique dans des zones protégées réservées aux autochtones. Le Président Bolsonaro avait d’ailleurs déclaré lors de sa campagne que « si je devais assumer la présidence, l’Indien n’aura plus un centimètre carré de terre ». Il encourage la déforestation et on peut également noter une explosion des trafiquants de bois ou d’orpailleurs illégaux. Face à cette déforestation et à ces trafiquants, véritables menaces pour le territoire et mode de vie des indigènes, des « gardiens de la forêt » du peuple Guajajara se sont mis en place afin de défendre leurs terres. Leur leader, Paulo Paulino, fut tué par ces trafiquants de bois lors d’une embuscade, en novembre 2019. Régulièrement, ces gardiens de la forêt reçoivent des menaces de morts de la part des trafiquants, face à un gouvernement faisant la sourde oreille. Les orpailleurs illégaux, eux, chassent les peuples autochtones de leurs terres dont ils dépendent, propagent des maladies et polluent les rivières. Ils sont actuellement tellement nombreux que le minerai est devenu le deuxième produit le plus exporté de l’État de Roraima au Brésil en 2019, bien que légalement, il n’y ait pas une seule mine en activité. À ceci s’ajoute les très nombreux incendies, ainsi que le changement climatique. Face à cela, les peuples indigènes se sont mobilisés pour la préservation de l’Amazonie, en vain. La déforestation, l’exploitation minière, aillant pour conséquences directes la perte de leur territoire, sont donc les principales menaces pour les indigènes. Mais n’existent-ils pas des textes afin de protéger ces peuples indigènes ainsi que la forêt amazonienne dont ils dépendent ? Des textes et actions insuffisantes face à l’ampleur de la situation En novembre 2019, l'ONG Greenpeace dénonçait l’incapacité de l’État à accomplir son devoir de protéger les indigènes du Brésil. Pourtant, la Déclaration sur les droits des Peuples autochtones fut ratifiée par le Brésil, mais il s’agit d’un texte non contraignant. Ce texte prône l’autodétermination des peuples ainsi que les droits des peuples autochtones aux terres, territoires et ressources. Les droits des peuples autochtones ne sont donc pas respectés : ils se retrouvent ainsi menacés et dépossédés. De plus, peu de personnes s’intéressent à la cause des indigènes. Une député indigène au Brésil siège depuis 2019, mais elle se retrouve seule face au reste du gouvernement. De ce fait, il est alors intéressant de voir cela d’un autre point de vue : la protection de l’environnement et de l’Amazonie, et par extension, la protection des terres des indigènes et de leur mode de vie. Le Brésil protège l’environnement par le biais de son article 225 au sein de sa Constitution, disposant que « chacun a droit à un environnement écologiquement équilibré, bien à l'usage commun du peuple et essentiel à une saine qualité de vie; le devoir de le défendre et de le préserver au bénéfice des générations présentes et futures incombe à la puissance publique et à la collectivité. » En Septembre 2019, lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies, il fut proposé que l’Amazonie rejoigne le patrimoine mondiale de l’Unesco. Le Président Bolsonaro a martelé que l'Amazonie n'appartenait pas au patrimoine de l’humanité et que « toute initiative visant à préserver la forêt amazonienne doit être organisée dans le plein respect de la souveraineté brésilienne ». Ainsi, face à la souveraineté du Brésil, il est difficile à l’heure actuelle de réussir à protéger la forêt amazonienne via le droit international public. Dans cette même lancée, Bolsonaro démantèle petit à petit les institutions de protection de la forêt amazonienne et des populations indigènes. Pour pallier à cela, la société civile, la FAO ainsi que l’Union européenne essaient de développer le projet Integration of Amazon Protected Areas (IAPA) avec les États aillant des territoires sur la forêt amazonienne, afin de mettre en place des aires protégées, afin de protéger la biodiversité. Des textes existent, des actions sont donc mises en place, mais ces dernières ne sont pour l’heure pas capable de faire en sorte que l’Amazonie soit protégée, et que par extension les peuples indigènes soient protégés et puissent continuer à vivre sur leurs terres. Protection de l’Amazonie : vers une reconnaissance du crime d’écocide Il ressort donc de tout cela que la destruction de l’Amazonie, sous toutes ces formes a des conséquences dramatiques sur les peuples indigènes et constituent la principale menace. Par ailleurs, à l’heure actuelle, aucun texte en vigueur ne pallie à cela. Un espoir pourrait résider dans la reconnaissance du crime d’écocide en droit international pénal contre l’Amazonie, crime consistant à détruire délibérément un écosystème. Dans ce contexte, le concept d’écocide y serait alors dilué dans ceux de génocide culturel et d’ethnocide, permettant à la fois d’incriminer les auteurs de la déforestation, et de défendre les peuples indigènes.


Alexine Chorda

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