Avec plus d’une dizaine de séismes subis par l’Indonésie au cours de l’année 2018, le pays se place comme un des plus vulnérables face aux catastrophes naturelles. Pour cause, l’archipel indonésien se trouve au cœur de ce que l’on appelle la « ceinture de feu » un espace de 40 000 kilomètres bordant l’océan Pacifique et composé de nombreux volcans. A proximité de l’Indonésie, la ceinture de feu est marquée par le phénomène de subduction des plaques, c’est-à-dire le glissement progressif d’une plaque océanique sous une plaque continentale. L’accumulation d’énergie provoquée par ce phénomène permet d’expliquer l’intensité des activités volcaniques : on dénombre 127 volcans actifs dans la région de l’Indonésie. Ces différents éléments permettent d’expliquer pourquoi le pays a été frappé à de si nombreuses reprises par des tremblements de terre mais également des tsunamis au cours de l’année 2018. Certains d’entre eux ont été particulièrement meurtriers. L’on peut ainsi citer les tremblements de terres qui se sont produits sur l’île de Lombok les 29 juillet et 5 août qui ont entrainé la mort de 555 personnes et près de 1 500 blessés. Bien plus meurtrier encore, le séisme de Célèbes qui s’est produit le 28 septembre et qui a provoqué un tsunami. L’effet de cette double catastrophe naturelle a causé plus de 2 000 morts. Le 22 décembre, l’Indonésie a subi cette fois-ci une catastrophe due à l’effondrement d’une partie du volcan Anak Krakatoa dans la zone sous-marine qui a aussitôt déclenché un tsunami. Ce sont les îles de Java et de Sumatra qui ont été touchées. Après seulement quelques jours, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies faisait état de 430 personnes décédées, presque 1 500 blessées et 159 personnes disparues. Ces quelques illustrations vécues par le pays au cours de la dernière année sont très révélatrices de la vulnérabilité du pays face aux catastrophes naturelles. L’Indonésie souffre d’un manque de capacité à pouvoir prévenir ce type d’aléa. Si l’on reprend le cas du séisme de Célèbes, une alerte au tsunami avait été lancée par les autorités étatiques après les premières secousses. Mais cette alerte avait été levée. Pourtant, la vague frappa les côtes moins d’une heure après. Il y avait eu une double sous-estimation de l’ampleur de la vague qui a frappé Célèbes notamment quant à sa taille et quant à sa puissance en raison de la vitesse à laquelle elle arrivait. Concernant les évènements de décembre dernier, aucune alerte tsunami n’avait été lancée. Cela peut s’expliquer par la proximité du volcan ayant provoqué le tsunami avec les îles touchées et donc, l’impossibilité d’alerter à temps les populations vulnérables. Mais au-delà cette part d’imprévisibilité qui demeure, le porte-parole de l’agence indonésienne de gestion des risques naturels avait affirmé à ce sujet il y a un an que les bouées d’alerte au tsunami - capteurs placés en mer pour mesurer l’activité sous-marine - étaient mal entretenus et ne fonctionnaient plus. Il est certain qu’avec un matériel inadapté et défectueux, il est difficile d’anticiper l’arrivée de certaines catastrophes et donc de réagir rapidement et à apporter une réponse efficace lorsque ce type d'évènement se produit. Pour rappel, l’Indonésie est composée de plus de 16 000 îles. Une telle disposition géographique complique l’acheminement de l’aide humanitaire, particulièrement lorsque certaines zones se retrouvent isolées au milieu d’un ensevelissement de boue. Ces catastrophes naturelles tendent par ailleurs à souligner les écarts de richesse existant au sein de la population : certaines personnes se trouvent fortement dépendantes des actions mises en place par les ONG car sont dans l’incapacité financière de faire face lorsque leur maison voire parfois leur lieu de travail a été détruit. Cependant, même si de nombreuses ONG sont présentes sur place, la coordination des actions est un vrai défi. Le récent tsunami de décembre s’est suivi d’une période de fortes pluies entrainant ainsi des inondations : un obstacle supplémentaire pour les secours qui tentent de retrouver l’ensemble des personnes disparues. La crainte d‘un nouveau tsunami qui serait dû à un nouvel effondrement volcanique entraine de conséquents mouvements de population. Ces personnes qui n’ont pas été touchées par le tsunami quittent leur domicile par crainte de l’être. Il est donc important d’intégrer ces personnes à la gestion des catastrophes en prévoyant de les loger temporairement dans des endroits éloignés des côtes. Puisque ces déplacements de population se produisent à chaque nouvelle catastrophe, à terme, ce phénomène pourrait s’amplifier. C’est d’ailleurs ce qu’envisage la Banque mondiale dans son dernier rapport intitulé « Groundswell : se préparer aux migrations climatiques internes » qui prévoit que les catastrophes ainsi que les changements climatiques pourraient entrainer pour l’Asie du Sud à elle-seule 40 millions de personnes déplacées d’ici 2050. Chaque nouvelle catastrophe laisse donc craindre une crise humanitaire, que ça soit par les déplacements de population ou encore au niveau des besoins sanitaires. À la suite du tsunami de décembre, les ONG locales craignent en effet une crise sanitaire en raison du manque d’eau potable ou encore du manque de médicaments. Le 2 février, c’est cette fois-ci l’ouest du pays qui a été touché par un nouveau séisme. Bien que n’ayant pas eu de graves conséquences, celui-ci a engendré de nombreux mouvements de panique au sein des populations. Dans ces conditions, la tentation du déplacement est grande et malheureusement, ces situations sont destinées à se répéter.
Sophie Contie
Comentários