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Meriam Ghali

LA CRISE ISRAÉLO-PALESTINIENNE DE 2021 : UNE SOLUTION EST-ELLE ENVISAGEABLE ?

Dernière mise à jour : 28 févr. 2022



Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, les tensions sont vives entre Israéliens et Palestiniens. Plusieurs fois cristallisée par des guerres régionales, cette opposition historique s’est à nouveau traduite par une série d’affrontements en 2021, qui a culminé en avril et mai de cette année.

Bien que des affrontements ont eu lieu dans plusieurs villes comme Jérusalem, Jaffa et Tel Aviv, la crise s’est déclenchée dans un quartier à majorité palestinienne Cheikh Jarrah suite aux menaces d’expulsion de plus de soixante-dix familles palestiniennes. D’après la loi israélienne, les citoyens juifs peuvent en effet revendiquer la propriété des terres de Jérusalem Est, sur lesquelles est construit ce quartier, quand bien même ils n’en auraient pas eu la jouissance depuis la guerre israélo-arabe de 1948. La Cour suprême israélienne devait ainsi se prononcer le 10 mai 2021 une affaire d’expulsion d’une famille palestinienne, mais l’examen de cette affaire a été repoussé au 8 juin suite aux affrontements. La diffusion des faits d’expulsion sur les réseaux sociaux ont fait du quartier un symbole de la résistance palestinienne et un nouveau lieu de violences et de vives tensions. D’après l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans un rapport publié le 11 mai 2021, ces expulsions reposant sur ces lois israéliennes « constituerait une violation du droit international » et seraient « discriminatoires ».


En parallèle, des troubles se sont multipliés en avril 2021, sur fond de tensions religieuses. Le premier incident date du 10 avril 2021 : un bus de la société d’autobus israélienne Egged qui transportait une famille juive israélienne est caillassé et incendié par des émeutiers dans le quartier d’Issawiya, à Jérusalem-Est. Cette période a surtout été marquée par de nombreux affrontements entre Palestiniens et policiers israéliens sur l’Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l’Islam se trouvant à Jérusalem-Est, en plein mois de jeûne du Ramadan. Ainsi, plus de deux-cent personnes ont été blessées le 8 mai 2021 lors d’un affrontement entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes.


Ce conflit s’est embrasé avec l’intervention de l’organisation palestinienne Hamas, qualifiée d'organisation terroriste par l'Union européenne, entres autres. L’organisation a en effet lancé plusieurs milliers de roquettes depuis la bande de Gaza vers Israël, notamment vers Tel Aviv qui aurait été ciblée par 130 roquettes. Au total, 4360 roquettes auraient été tirées en direction d’Israël. En réaction à cela, l’armée de défense d’Israël (le « Tsahal ») a mené des frappes aériennes sur la Bande de Gaza.

Ces nombreux affrontements et violences ont lourdement touché les civils : selon les données de l’ONU, quatorze personnes seraient mortes en Israël pendant ces jours d’affrontements, qui ont fait 250 morts dans la Bande de Gaza.


Un « Apartheid » en Israël contre les Palestiniens ?

Les violences anti-palestiniennes auraient fortement augmenté l'année dernière : environ 416 attaques anti-palestiniennes perpétrées par des colons ont été recensées ont été recensées pour le premier semestre de 2021, soit le double par rapport à l’année 2020. D'après le quotidien israélien Haaretz, cette augmentation serait due à « l’admissibilité des violences extrémistes ».

De plus, des organisations non gouvernementales sont très critiques concernant le conflit Israël-Palestine et posent la question de l’existence d’une politique d’apartheid en Israël contre les Palestiniens. L’ONG Amnesty International a ainsi publié en février dernier un rapport tiré d’un travail de recherche de quatre ans. Ce rapport, en se basant sur une analyse juridique et une enquête de terrain, dénonce un « système d’oppression et de domination institutionnalisé à l’encontre du peuple palestinien » et donc les atteintes aux droits humains commises par l’État d’Israël, comme les « confiscations massives de terres et de biens palestiniens, meurtres illégaux, les transferts forcés, les restrictions de déplacements drastiques et le déni de nationalité et de citoyenneté aux Palestiniens ». D’après Amnesty International, il s’agirait ainsi des « composantes d’un système discriminatoire s’apparentant, sous les dispositions du droit international, à des crimes contre l’Humanité ».


Cette qualification d’apartheid n’est pas nouvelle puisqu’elle avait déjà été utilisée par les ONG Human Rights Watch ou encore B’Tselem.


Malgré les dénonciations, cette qualification reste très controversée. Beaucoup voient en cette qualification un réquisitoire à l’encontre d’Israël, voire même une remise en question de l’existence d’Israël. L’avocat israélien Gilead Sher, négociateur de la délégation israélienne lors des sommets de Camp David (2000) et de Taba (2001), et fervent partisan d’une solution à deux États, est critique du rapport d’Amnesty : « si Israël est coupable du crime d'apartheid depuis sa création, sa culpabilité est originelle. Il n'y a donc pas de place pour le compromis car une telle infamie ne se réforme pas mais se supprime. Il faut bien mesurer la violence symbolique que recèle une telle accusation. Elle vise tout simplement à délégitimer l'État juif en tant que tel ».


Une solution à deux États est-elle toujours possible ?



Meriam Ghali


Image © - AFP / Menahem KAHANA, [disponible ici].

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