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LA LIBYE : CONSTAT D'UN CONFLIT QUI PERDURE DEPUIS 5 ANS

Les racines du conflit Le conflit trouve ses racines dès la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, qui mettra fin à quarante années de dictature. Suite à cet évènement, la Libye connaitra une révolte populaire qui fera sombrer le pays dans un conflit où l’issue demeure encore inconnue. Pour rappel, cette révolte s’inscrivait dans le mouvement plus global des « Printemps arabes », qui se traduisait par des protestations au sein du monde arabe opposant les tenants du pouvoir autoritaire aux populations progressistes réclamant plus de libertés, de démocratie, un respect des droits de l'Homme, la répartition des richesses ou encore l'arrêt de la corruption au sein de l'État. La lutte qui opposait les forces pro-Kadhafi aux insurgés s’intensifiera et s’internationalisera avec l’intervention de l’OTAN au cours des 8 mois de conflit armé, conduisant à la chute du régime de Kadhafi et à un vide politique redouté. Depuis lors, aucune force politique ne s’est réellement affirmée au pouvoir, malgré l’organisation d’élections démocratiques en 2012 et 2014. La situation politique actuelle Depuis 2015, la Libye est divisée en deux parties correspondant à deux forces politiques qui luttent pour s’emparer de l’ensemble du territoire. Cette lutte oppose le Gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par le Premier ministre Fayez al-Sarraj reconnu par l'ONU dont le siège est à Tripoli, au gouvernement dit de « Tobrouk » et à son bras armé, l'Armée nationale libyenne (ANL), qui sont dirigés par le maréchal Khalifa Haftar. Depuis avril 2019, les combats se sont intensifiés et perdurent entre les deux groupes. Le maréchal Haftar a ouvert les hostilités en lançant une offensive près de Tripoli contre les troupes du GNA, pour conquérir la capitale. Une trêve a été instaurée le 12 janvier 2020, conduisant à des engagements annoncés lors d'une Conférence internationale pour la paix sous l’égide de l’ONU à Berlin le 19 janvier : mettre fin aux ingérences étrangères, encourager les négociations et respecter l'embargo sur les armes. La conférence de Berlin incarnait donc un nouvel espoir de paix durable et de restauration démocratique, mais la persistance de combats sporadiques sur le territoire et l’affluence d’armes dans le pays contredisent ces aspirations pacifiques. Par ailleurs, de nombreux pays étrangers sont impliqués dans le conflit, ce qui participe grandement à son altération. En effet, le GNA bénéficie du soutien de la communauté internationale mais également du Qatar, et dernièrement de l'appui militaire de la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. De son côté, le gouvernement du maréchal Haftar bénéficierait de l’appui de la Russie, même si le Kremlin dément, mais également de l'Égypte, des Émirats Arabes unis et de l'Arabie saoudite. Ces ingérences étrangères ne participent pas à l’amélioration de la situation, et ont même conduit le sixième envoyé spécial des Nations Unies, Ghassan Salamé, à annoncer sa démission le 2 mars 2020. Nommé en juin 2017 par le Secrétaire général des Nations Unies, Ghassan Salamé avait pour principale mission d’instaurer une paix durable entre les deux parties au conflit. Sa démission est consécutive du dernier échec d’une tentative de cessez-le-feu qui devait se tenir à Genève en février 2020, entre des représentants du GNA et de l’ALN. Les deux camps ont finalement suspendu leur participation aux discussions, entrainant la colère de l’envoyé spécial de l’ONU, qui déplore d’une part les ingérences étrangères, et d’autre part que les parties libyennes ne respectent pas leurs engagements. Le pétrole, enjeu majeur au cœur du conflit La Libye est un pays relativement riche grâce à sa production de pétrole. Le pays détient les plus grandes réserves d'Afrique et c'est un des quatre principaux producteurs du continent. Cet intérêt pétrolier demeurait un des seuls points d'accord qui existait entre les parties au conflit, qui étaient soucieuses de préserver la rente pétrolière du pays. Jusqu’alors, la compagnie nationale (National Oil Corporation – NOC) avait pour mission de répartir les bénéfices entre les deux clans, via la Banque centrale libyenne, mais depuis l’offensive d’avril 2019, le conflit s’est également crispé autour de la question pétrolière. En effet, le 17 Janvier 2020, le maréchal Haftar a appelé à bloquer les exportations pétrolières du pays pour protester contre l'intervention turque aux côtés du GNA. Bilan humanitaire Cette instabilité politique a de tragiques répercussions sur les conditions de vie de la population libyenne. En effet, des milliers de personnes déplacées vivent dans des camps à travers l’ensemble de la Libye et se trouvent en situation de grande vulnérabilité, étant privés de l’accès aux ressources les plus élémentaires. Dans le même temps, des milliers de réfugiés, migrants et demandeurs d’asile fuyant des régimes autoritaires du continent ou la pauvreté transitent dans le pays. Ces populations sont marginalisées et en proie à de nombreux abus et violences de la part des trafiquants d’êtres humains, mais peuvent également être recrutés comme soldats mercenaires. Cette instabilité politique engendrée par les conflits armés incessants ont entraîné la Libye vers une crise humanitaire complexe. Selon l’United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) dans son rapport « Libya Humanitarian Needs overview » publié le 31 Janvier 2020, sur les 1.8 million de personnes qui ont été touchées par la crise, plus de 893 000 sont actuellement dans le besoin d’une assistance humanitaire, dont 212 000 femmes et 268 000 enfants de moins de 18 ans. En Février 2020, le CICR a publié un communiqué de presse faisant état des conséquences désastreuses sur les civils, de ce conflit qui perdure. Lors d’une visite en Libye, le Président du Comité, Peter Maurer a affirmé que les besoins humanitaires étaient en constante augmentation. En effet, de nombreux hôpitaux et écoles sont fermés à Tripoli, ce qui entraine des carences dans les systèmes de santé et d'éducation, contraignant les populations à faire face à de nombreuses pénuries de biens de première nécessité, et à la destruction des infrastructures et services publics. De ce fait, le CICR appelle les belligérants à respecter le droit international humanitaire lors de leurs opérations militaires, afin de protéger les civils des effets des hostilités.


Célia Faure

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