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LA SÉCHERESSE EN AMÉRIQUE : ZOOM SUR LE HONDURAS

La sécheresse est une anomalie temporaire du climat qui peut s’étendre sur une période relativement longue. Elle se concrétise par un manque d’eau ; ce qui occasionne des impacts irréversibles sur la flore, la faune mais aussi sur les êtres humains. De plus, le phénomène du réchauffement climatique, accentué ces dernières années, aggrave particulièrement cette anomalie climatologique. Il a pour conséquence d’étendre les zones déjà prédisposées à la sécheresse et en renforce l’intensité et la durée. Cette irrégularité du climat se prononce particulièrement dans certaines régions du monde telles que l’Afrique, l’Amérique centrale ou encore dans le sud de l’Eurasie. Les effets de la sécheresse sont multiples et plus ou moins graves. Une sécheresse persistante peut aller jusqu’à ruiner une production agricole de toute une région, stopper la navigation fluviale ou encore entraîner de graves incendies comme le révèlent les récents incendies qui ont ravagé l’Amazonie à la fin de l’été 2019. Cette altération climatique peut même, à terme, déclencher un exode ou bien une crise sanitaire. Hervé Verhoosel, porte-parole du Programme Alimentaire Mondial (PAM), lors de son discours à Genève, déclarait : « Pour la cinquième année consécutive, des conditions climatiques irrégulières (sécheresses prolongées et pluies excessives) ont décimé les cultures de maïs et de haricots dans le couloir sec d'Amérique centrale. Cela a affecté la sécurité alimentaire des agriculteurs de subsistance, ce qui signifie que beaucoup d'entre eux luttent au quotidien pour nourrir leur famille. » Cette déclaration est alarmante, tout comme les chiffres révélés par la dernière évaluation de la sécurité alimentaire d’urgence de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui a indiqué que « plus de 2 millions de personnes sont touchées dans le « « couloir de la sécheresse » en Amérique centrale et 1,4 million d'entre elles ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence. » Le « couloir de la sécheresse » désigne la zone géographique qui s’étend du sud du Mexique jusqu’au Panama ; ce qui représente près d’un tiers du territoire d’Amérique centrale. Cette zone tient son nom des sécheresses à répétition auquel elle fait face. De plus, cette région, déjà vulnérable, l’est d’autant plus avec le récent phénomène El Niño qui a commencé en 2015. L’article de l’ONU du 30 juin 2016 décrivait ce phénomène comme «l'un des pires jamais connus et [que] ses effets se font toujours sentir dans le couloir sec. » En effet, il se caractérise par un réchauffement des eaux de surface près des côtes de l’Amérique du Sud. Sa dénomination provient des pêcheurs péruviens afin de désigner la petite invasion d’eaux chaudes qui a lieu chaque année le long des côtes du Pérou et de l’Équateur aux environs de Noël. Ainsi, El Niño désigne l’enfant Jésus en espagnol. Ce phénomène est à l’origine de nombreux bouleversements climatiques car il affecte le régime des vents, la température de la mer et les précipitations ce qui a pour conséquences la désorientation des typhons, le retardement des pluies tropicales et des moussons ainsi que le haussement des températures. Les conséquences de la sécheresse sont désastreuses pour la population de l’Amérique centrale. En effet, les familles cultivent et se nourrissent de leur propre nourriture ; ce qui signifie qu’elles dépendent indéniablement des cycles de culture saisonniers. C’est notamment le cas pour le maïs et les haricots. Ce que révèle l’évaluation de la sécurité alimentaire d’urgence est affligeant car selon elle « 8% des familles ont indiqué qu'elles allaient recourir à la migration qui est classée comme une stratégie d'adaptation extrême. ». Il s’agit alors de réfugiés climatiques qui n’ont d’autre choix que d’abandonner leur lieu de vie temporairement ou bien de façon permanente car la sécheresse a mis en péril leur existence même en affectant leurs conditions de vie. Or, le Programme Alimentaire Mondial soutien fermement que la migration n’est pas une solution. Il explique que la solution serait plutôt de « travailler ensemble sur des systèmes de sécurité alimentaire à plus long terme qui permettent à ces agriculteurs d'être résilients et de rester engagés sur leurs marchés locaux. » Zoom sur le Honduras L’exemple du Honduras incarne parfaitement les conséquences désastreuses du dérèglement climatique. C’est pourquoi de nombreuses actions internationales ont été entreprises dans cette région afin de limiter les effets néfastes de la sécheresse. Il est notamment intéressant de mentionner que le PAM, depuis 2016, livre 170 tonnes de Super Cereal Plus. Il s’agit d’un aliment complémentaire et enrichi afin de lutter au mieux contre le risque de malnutrition qui touche les enfants âgées de moins de 5 ans. Le PAM constate que « plus de 9200 enfants dans 44 communes et 5 départements ont déjà bénéficié de ces distributions. » D’autres actions ont vu le jour : par exemple la mise en place d’une citerne de 63 000 litres et d’un système de récolte d’eau de pluie des toits à Tegucigalpa (capitale du Honduras) au sein du quartier de Campo Cielo avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). « J’aurais dû travailler plus de deux ans avant d’épargner suffisamment pour mettre ce dispositif sur mon toit. Je n’aurais pas pu le faire sans l’aide [du projet]. Je lui suis très reconnaissant », explique Stanley Ney Mendoza, habitant à Campo Cielo. Cette action s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par le PNUD afin « d’aider le Honduras à lutter contre les risques climatiques et mieux gérer ses ressources en eau »5,d’après Reis Lopez Rello, expert du PNUD dans le domaine de l’adaptation au changement climatique. Malheureusement, ces actions se composent également d’aspects négatifs, notamment le manque de suivi et de soutien effectif des projets. Ainsi, la masse de Honduriens qui émigrent aux États-Unis n’a pas cessé depuis 1998 (année de la destruction des récoles et infrastructures par l’ouragan Micth). Depuis 2009, ce flux d’émigration a même augmenté à la suite du coup d’État qui a chassé le président Manuel Zelaya. Selon la police aux frontières des États-Unis, le nombre de Honduriens arrêtés à la frontière du Mexique « est passé de 47 900 en 2017 à 205 039 au premier semestre 2019. » Pour conclure, il est également intéressant de mentionner une autre conséquence néfaste due à la persistance de la sécheresse. En effet, dans la forêt de pins de Valles de Angeles au Honduras, un insecte ravageur des arbres a été découvert par Cristel Castro, agronome en mars 2019. C’est le président hondurien lui-même, Juan Orlande Hernandez qui a lancé l’alerte en 2019 : « le "gorgojo" (espèce de charançon) est de retour. » Selon un article de La Provence en mars dernier, entre 2013 et 2017, l’insecte avait déjà détruit « plus d'un demi-million d'hectares de conifères, soit plus d'un quart des 1,9 million d'hectares que compte le Honduras. »


Ambre Laforge

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