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  • Camille Celse

LE CONFLIT ISRAELO-PALESTINEN: COMPRENDRE PLUS DE 100 ANS D'HISTOIRE

Dernière mise à jour : 23 déc. 2023

Pour comprendre le conflit Israélo-Palestinien actuel, il est important de revenir sur leur histoire, qui perdure depuis pratiquement 100 ans. Ce conflit, marqué par de nombreuses guerres, est surtout empreint par deux revendications opposées : la nécessité pour le peuple juif d’avoir un territoire à eux et la nécessité pour le peuple arabe présent sur la Palestine de conserver le sien. Quatre guerres ont notamment marqué ce conflit : la guerre de 1948 dès la déclaration d’Indépendance d’Israël, la guerre du Canal de Suez de 1956 suivie de la guerre des Six jours de 1967 et enfin la guerre du Kippour de 1973.






Démonstration de drapeaux entre les Palestiniens du village de Susya et les Israéliens du village de Yatta, le 24 septembre 2021. 

Naissance de l'Etat d'Israël

Au XIXe siècle, un courant d’immigration juive va s’établir vers la Palestine ottomane, territoire que les Juifs considèrent comme la Terre promise. En 1896, Theodore Herzl, journaliste et écrivain austro-hongrois, publie « L’Etat juif » dans lequel il exprime l’idée que le peuple juif doit avoir un Etat, puisqu’il est persécuté partout ailleurs. Il va matérialiser cette idée à travers le sionisme, mouvement national d’une partie du peuple juif, visant à former un foyer national juif en terre d’Israël. En 1914, on compte entre 60 000 et 90 000 juifs en Palestine ottomane pour environ 800 000 habitants.


A la suite de la défaite de l’Empire ottoman, à la fin de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni hérite de la Palestine mandataire. C’est le début du mandat britannique. A cette occasion, Lord Balfour, ministre des affaires étrangères britannique, déclare en 1917, que le Royaume-Uni se positionne en faveur de l’établissement en Palestine « d’un foyer national pour le peuple juif » (in Palestine of a national home to the Jewish people).


Face à la montée toujours plus croissante de l’antisémitisme, l’immigration juive vers la Palestine est de plus en plus importante et à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a plus de 600 000 juifs en Palestine (contre un peu plus d’1 million d’Arabes). Des revendications s’affrontent. D’un côté, la Ligue arabe est hostile aux Juifs de Palestine et rejette toute constitution d’un Etat Juif. De l’autre côté, les Juifs mettent en avant la nécessité de leur trouver un territoire à la suite de la Shoah.


Le Royaume-Uni étant dépassé, l’ONU prend le relais et vote la résolution 181 le 29 novembre 1947 qui prévoit une Palestine mandataire divisé entre un Etat juif et un Etat arabe tout en laissant à Jérusalem un statut international. Toutefois, ce n’est pas sans contrepartie puisque les Arabes palestiniens sont exilés soit au niveau de la Bande de Gaza soit en Cisjordanie. Suite à ce plan de partage, Ben Gourion, directeur de l’agence juive, déclare unilatéralement l’indépendance de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948. C’est la naissance d’Israël.


Les conflits Israélo-Arabe successifs

La 1ère guerre Israélo-Arabe: dès le lendemain de la déclaration d’indépendance, une coalition arabe attaque le nouvel Etat d’Israël. Entre décembre et mars 1948, environ 100 000 Palestiniens quittent Israël pour fuir la guerre, espérant pouvoir revenir une fois qu’elle sera finie. La guerre se poursuit jusqu’en 1949 et se solde par une victoire israélienne ce qui entraîne un nouveau découpage des frontières. La Palestine arabe est récupérée par la Transjordanie (et un peu par l’Egypte et la Syrie). Les Arabes palestiniens caractérisent cette période, notamment Constantin Zureiq, comme la « Naqba » (« la catastrophe » en français) qui cause l’exil forcé de 600 000 à 800 000 d’entre eux.


La 2ème guerre Israélo-Arabe: en 1956, le chef militaire égyptien Nasser, chef de l’Etat égyptien, nationalise le Canal de Suez et bloque la navigation à l’Israël et les pays qui commercent avec. Le 29 octobre 1956, les israéliens ripostent en envahissant la région du Sinaï, lieu d’entrepôt des réserves d’armes égyptiennes : la crise du Canal de Suez commence. Le 7 novembre 1956, la guerre se solde par la défaite égyptienne, mais le Sinaï reste égyptien.


La 3ème guerre Israélo-Arabe: en 1967, Nasser, devenu Premier ministre d’Egypte, bloque le golfe d’Aqaba aux israéliens qui ripostent par la force : c’est le début de la guerre des 6 jours le 5 juin 1967. Le 10 juin 1967, l’Egypte perd : le territoire d’Israël continue de s’agrandir puisqu’il inclut désormais la Cisjordanie, la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï, la vieille ville de Jérusalem et le plateau du Golan. Le territoire israélien passe de 20 000 km² à 90 000 km², il n’y a quasiment plus d’Etat arabe.


La 4ème guerre Israélo-Arabe: le 6 octobre 1973, l’Egypte lance une attaque contre les positions israéliennes dans le Sinaï : la guerre du Kippour débute. En parallèle, les Syriens avec l’aide de l’Irak attaquent les positions israéliennes sur le plateau du Golan. Les Israéliens régissent et vont s’emparer de l’ensemble du Golan, du Sinaï et atteignent le Canal de Suez, la guerre se termine le 24 octobre 1973.


La persistance des tensions jusqu'à aujourd'hui

En 1974, ARAFAT, chef de l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), demande à l’ONU la création d’un Etat palestinien. En 1975, l’Assemblée générale des Nations Unies proclame la résolution 3376 qui créé le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. A la suite des accords de Camp David de 1978, puis du Traité de Washington de 1979, des accords de paix sont conclus entre l’Egypte et Israël. En 1979, le Conseil de sécurité de l’ONU exige, dans la résolution 446, l’arrêt « des pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et d’autres territoires arabes occupés depuis 1967 ».


En 1987, se déclenche la première Intifada soulèvement » en arabe) mouvement populaire insurrectionnel massif, non armé qui vise à rétablir le territoire Palestinien en révoquant notamment l’autorité Israélienne en Cisjordanie et à Gaza. Le 15 novembre 1988, le Conseil national palestinien d’Alger déclare l’Etat indépendant de Palestine et considère que cet Etat est constitué de la Cisjordanie (qui comprend Jérusalem-Est) et la bande de Gaza.


En 1992, avec l’arrivée au pouvoir en Israël du travailliste Rabin, un accord est trouvé avec Arafat consacrant la reconnaissance mutuelle de l’OLP et d’Israël. A la suite des accords d’Oslo en 1993 du traité du Caire de 1994, une autorité intérimaire palestinienne est établie et il est consacré une autonomie pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Mais l’assassinat de Rabin en 1995 va raviver les tensions entre Israël et Palestine avec notamment l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite qui va décider de construire illégalement un mur entourant Gaza.


En 2000, la seconde Infantida se déclenche à la suite de la présence d’Ariel Sharon (Premier ministre israélien de l’époque), sur l’esplanade du Temple de Jérusalem. Cette présence est vécue comme une provocation par le peuple palestinien puisque Sharon est fortement opposée à la création d’un futur Etat palestinien souverain. Or, le Temple de Jérusalem est le troisième lieu saint de l’Islam, lieu de ce fait sacré pour les Palestiniens. Cette Infantida causera 4700 morts dont plus de 80% de Palestiniens (3179 morts) et s’achèvera le 8 février 2005.


Les tensions entre l’Israël et la Palestine ne vont cesser de se poursuivre jusqu’à aujourd’hui. Ce conflit va notamment être marqué par le conflit israélo-libanais de 2006, mais également par les différentes guerres qui ont eu lieu à Gaza en 2008, 2012 et 2014. En 2012, l’Etat de Palestine acquiert le statut d’Etat non-membre observateur auprès de l’Organisation des Nations Unies. Ce statut lui permet de renforcer son existence sur la scène internationale, lui ouvre la possibilité d’adhérer à des accords internationaux, et de trouver une tribune auprès de diverses institutions internationales. C’est le cas par exemple de la Cour pénale internationale que la Palestine a saisi pour l’ouverture d’une enquête pour allégations de crimes internationaux. Toutefois, malgré ce statut, l’Etat de Palestine n’est reconnu dans le monde que par 138 pays. Le conflit israélo-palestinien est de plus en plus considéré sur la scène internationale puisqu’en 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU, en adoptant la résolution 2334, exige l’arrêt des activités israéliennes de peuplement dans le Territoire palestinien occupé.


Outre les évènements actuels, la plus récente crise Israélo-Palestinienne remonte à 2021 et avait notamment pour élément déclencheur la décision prévue par la Cour suprême d’Israël d’expulser quatre familles palestiniennes de leurs habitations ainsi que l’intervention de la police d’Israël sur l’Esplanade des mosquées. Le conflit Israélo-Palestinien est donc un conflit complexe qu’il convient d’appréhender sur toute sa durée.



Camille Celse


Image © - AFP/ Hazem Bader

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1 Comment


paul.celse
Nov 25, 2023

Excellent article qui représente très bien l’envers du décors rarement exposé sur les réseaux sociaux m.

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