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  • Maigane Etienne

LE DÉFI DE L'HYGIENE EN SITUATION DE CRISE

« L’accès à l’eau est un droit humain vital pour la dignité de chaque être humain. Pourtant, des milliards de personnes en sont toujours privées », regrette la directrice générale de l’Unesco. Ce « droit humain vital » est particulièrement mis à l’épreuve lors des conflits armés et des catastrophes naturelles. En effet, dans ces situations de crise, les systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement sont souvent endommagés, détruits ou inexistants. Ceci accentue notamment la vulnérabilité des populations affectées en matière d’hygiène. Or, l’accès insuffisant à une eau potable de qualité et le manque de services d’assainissement les exposent à un risque considérable pour leur santé, particulièrement les personnes déplacées. En effet, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, connus en anglais sous le terme WASH - Water, Sanitation and Hygiene, sont des secteurs intrinsèquement liés et essentiels pour assurer la santé publique. En 2019, 827 000 personnes sont mortes à cause du manque d’eau, d’assainissement et d’hygiène. Ces trois questions sont généralement traitées ensemble en raison de leur nature interdépendante. À titre d’exemple, sans toilettes, les sources d’eau sont contaminées et sans eau propre, une hygiène adéquate est impossible. Dans ce cas, l’assainissement consisterait à éliminer sans risque l’urine et les matières fécales et à évacuer les eaux usées. Ainsi, face à l’ampleur des situations de crise, le secteur WASH est l’un des principaux secteurs de l’action humanitaire et du développement.


La privation d’eau, d'hygiène et d’assainissement : une mise en danger des populations affectées


Environ 844 millions de personnes n’ont pas accès à un service d’eau potable, 2.3 milliards de personnes demeurent privées d’installations sanitaires de base, telles que les toilettes ou latrines, et la majorité d’entre elles pratiquent encore la défécation à l’air libre. Le manque d’accès aux domaines du secteur WASH rend les populations plus vulnérables aux épidémies et à la malnutrition, particulièrement en situation de crise. Dans le monde, 2 milliards de personnes utilisent des points d’eau contaminés par des matières fécales. De plus, dans certains camps de réfugiés, les maladies diarrhéiques, telles que le choléra, constituent plus de 40 % des décès, dont plus de 80 % concernent des enfants de moins de deux ans. La mauvaise qualité de l’eau, les mauvaises conditions d’hygiène et la surpopulation seraient en grande partie responsables. On estime que l’eau contaminée serait à l’origine chaque année de plus de 485 000 décès par diarrhée. Par ailleurs, il convient de souligner que les questions de genre et l'accès à l'eau sont étroitement liées. En effet, l'approvisionnement en eau est souvent réalisé par les femmes et les filles, chargées entre autres de la lessive, la cuisine ou le nettoyage des toilettes, ce qui accroît leur exposition aux maladies. Elles sont également exposées, lors de leur collecte de l'eau, aux agressions physiques et sexuelles. En outre, ce temps consacré à la collecte se fait au détriment de leur éducation ou d’activités génératrices de revenus.


Un accès à l’eau, à l’hygiène et à l'assainissement davantage limité avec la pandémie Covid-19

Face à la pandémie Covid-19, les besoins dans le secteur WASH des populations déjà menacées ne cessent d’augmenter et il est de plus en plus difficile de les satisfaire. Bien que la pandémie ait mis l’accent sur l'importance de l'hygiène pour prévenir la propagation des maladies, 3 milliards de personnes n'ont toujours pas accès à des installations de lavage des mains au savon. Ce seul acte est essentiel pour permettre de lutter contre les maladies d’origine hydrique ou infectieuses. De plus, au regard de l'ampleur des défis humanitaires et du nombre de personnes ayant un accès limité à l'eau potable et à l'assainissement, la Covid-19 pourrait avoir des effets dévastateurs sur leur survie et leur protection. Les personnes exposées aux catastrophes et aux conflits armés sont d’autant plus vulnérables. Le Secrétaire général des Nations Unies a appelé les États à s'engager à fournir une assistance humanitaire et une protection aux personnes les plus touchées par la pandémie, notamment les femmes et les filles, les réfugiés et les personnes déplacées. De plus, les humanitaires intensifient leurs actions en acheminant de l’eau propre, du savon et d’autres matériels d’hygiène aux populations affectées.


Quelles sont les perspectives d’amélioration du secteur WASH ?


En 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a reconnu le droit à l’eau potable et à l’assainissement comme un droit de l’Homme. Elle a appelé à faire davantage d'efforts au niveau international pour assurer aux populations menacées par les crises humanitaires un accès digne, sûr et suffisant à ces services. De plus en plus d’acteurs internationaux, tels que l’Union européenne, s’investissent dans les activités WASH. Par ailleurs, la fréquence et l’ampleur des situations d’urgence complexes requièrent une meilleure capacité de réaction dans ce domaine pour venir en aide aux victimes. Il faut mettre ainsi l’accent sur l’accès rapide à l’eau potable exempte de toute contamination et des services d’assainissement et d’hygiène adéquats. En tant qu’organisation leader du secteur WASH au niveau mondial, l’UNICEF mène la coordination de la réponse humanitaire sur ce point. D’autre part, il est également nécessaire de mettre en place une sensibilisation des communautés aux bonnes pratiques d’hygiène et des mesures préventives des maladies d’origine hydrique. Tout ceci doit se faire en assurant un ancrage local et en encourageant la résilience et l’autosuffisance des populations affectées.


Les progrès en matière de WASH contribuent à la réalisation d'autres objectifs de développement durable (ODD), notamment la réduction de la pauvreté, la santé, l'égalité des sexes et la nutrition. Par ailleurs, l'insécurité liée à l'eau et la défaillance des systèmes d'assainissement contribuent à une instabilité sociale, économique et politique. Cela menace la survie, la santé et le développement des communautés, ainsi que la paix et la sécurité à tous les niveaux. Dès lors, il est essentiel de garantir la fourniture de services d'eau et d'assainissement dans les contextes fragiles.


Maigane Etienne


Image © - UNICEF Côte D'Ivoire/Frank Dejongh

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