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Les perturbations climatiques au Malawi : un défi brûlant pour le "cœur chaud de l’Afrique"

Comme de nombreux pays d’Afrique, le Malawi ressent de plus en plus fortement les effets du changement climatique. Si le continent est le plus petit producteur de gaz à effets de serre, il est pourtant le premier à voir ses populations secouées par les conséquences engendrées, sans avoir de réelles capacités pour y faire face. Dès 2015, le Malawi a rencontré des problèmes climatiques particulièrement importants. Le phénomène El Niño, courant chaud équatorial du Pacifique qui réapparaît tous les cinq à sept ans, a été très intense ces dernières années, modifiant ainsi le climat local et le déroulement de la saison des pluies. Certaines zones du pays sont touchées par de fortes sécheresses alors que d’autres sont frappées par de graves inondations. En janvier 2016, il serait tombé plus de 300 millimètres d’eau en à peine une semaine dans plusieurs régions, alors que les précipitations atteignent normalement 800 millimètres en une année. 176 personnes sont décédées durant cet évènement et le président malawite, Peter Mutharika, avait déclaré 15 des 28 districts du pays en état de catastrophe naturelle. Pour Gift Mafuleka, directrice adjointe du département gouvernemental de la gestion des catastrophes, le problème des inondations est également décuplé par la déforestation, qui réduit la capacité d’absorption des sols. « Faute d’équipements, les habitants vont couper du bois pour se chauffer, s’éclairer et faire la cuisine, et les programmes de replantation sont insuffisants. », estime-t-elle. Frappés par ces crises climatiques, les populations choisissent parfois de partir et deviennent alors des déplacés climatiques. En 2016, plus de 340 000 Malawites se sont vues forcés de fuir leur habitation. Certains, comme les habitants du village de Ntombosola, situé à plus de 100 kilomètres de la ville mercantile de Blantyre, ont été contraints de déménager à plusieurs reprises ces dernières années. Les autorités ont déjà évoqué la possibilité de déclarer inhabitables certaines zones proches des cours d’eau. « Mais c’est souvent là [que] se trouvent les terres les plus fertiles, il ne sera pas facile de faire déménager ces populations qui vivent essentiellement de l’agriculture vivrière et qui perdraient ainsi leur gagne-pain », prédit Alex Mdooko, commissaire du district de Chikwawa (sud du Malawi), également touché par les inondations. Au total, on estime que 33 % des 18,6 millions d’habitants du pays travaillent dans l’agriculture, milieu extrêmement touché par les crises climatiques. En 2016, le pays a ainsi vécu l’une des pires sécheresses connues au cours du siècle. La production agricole avait alors drastiquement chuté, ce qui avait engendré une grave situation d’insécurité alimentaire. Les ONG sur place sont cependant souvent préoccupées par d’autres enjeux. Le Malawi est en effet un des pays les plus pauvres au monde, avec 70% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, ce qui aggrave la dépendance de l’Etat à l’aide internationale. Avec une espérance de vie de 64 ans et un taux de sida évalué à 9% de la population, la situation sanitaire et sociale est préoccupante. Seule l’association CARE semble mettre en place un plaidoyer puissant et des actions concrètes concernant les problèmes climatiques, en partenariat avec l’organisation ECHO et le gouvernement malawite. Mais si des réponses d’urgence ont pu être trouvées pour les personnes qui ont été déplacées, aucune solution n’existe pour l’instant à long terme.

Hélène Pélisson


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