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LES RÉFUGIÉS CLIMATIQUES : BIENTÔT UNE RÉALITÉ À PRENDRE EN COMPTE ?

Le terme « réfugié climatique » apparaît pour la première fois dans un rapport de 1985 du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Il s’agit des personnes condamnées à quitterleur région ou leur pays à la suite de dégradations environnementales ou de catastrophes naturelles liées au changement climatique. Ce dernier est devenu « l’un des principaux facteurs voire le principal de migrations et déplacements de populations dans le monde. ». Par conséquent, les réfugiés climatiques sont désormais un enjeu humanitaire et géopolitique majeur. Selon l’étude sur les effets du changement climatique effectuée par la Banque mondiale, le 19 mars 2018, nommée Groundswell, il faut agir rapidement contre le réchauffement climatique car trois régions du monde pourraient bien voir plus de 140 millions de leurs habitants migrer à l’intérieur même de leur propre pays d’ici 2050. Cette étude montre également que le changement climatique pourrait pousser des millions de migrants à se déplacer à l’intérieur de leur propre pays « faute demesures urgentes, au niveau mondial et national, pour faire face aux dérèglements du climat et favoriser le développement. ». En effet, les populations tentent en premier lieu de migrer à l’intérieur des frontières de leur propre pays. C’est ce qui se passe par exemple au Vietnam qui doit faire face à des typhons ce qui engendre une nouvelle répartition démographique. Selon l’étude Groundswell, trois grandes régions dans le monde sont touchées par ces perturbations climatiques. Il s’agit de l’Afrique subsaharienne affectée par les sécheresses et la dégradation des sols, de l’Asie du Sud-Est frappée par les typhons et tempêtes ainsi que l’Amérique latine dénommée « le couloir de la sécheresse ». D’ici 2050, les réfugiés climatiques seront 86 millions en Afrique subsaharienne, 40 millions en Asie du Sud et 17 millions en Amérique latine. Ces réfugiés climatiques s’ajouteront donc aux millions d’habitants qui migrent déjà pour des raisons économiques, sociales ou politiques. Ce déséquilibre climatique menace également l’existence même de certains petits États insulaires à cause de la montée du niveau des mers. C’est notamment le cas pour les archipels du Pacifique, les îles Marshall, la Polynésie, les Maldives, les Philippines ou la Malaisie.Le cas particulier de ces îles entraîne des questions relatives au droit international à savoir : comment considérer un État dont le territoire a disparu et que deviennent les populations désormais apatrides ? Catherine Colard-Fabregoule essaye d’apporter des éléments de réponse à cette question dans son article « Changements climatiques et perspectives de disparition physique du territoire de l’État ». Ainsi, elle explique que quarante-deux États sont concernés par la montée des océans. Ces derniers se sont notamment unisafin de réclamer un droit à la survie lors des sommets internationaux.Concernant la population, plusieurs hypothèses sont envisageables et vont de la pure et simple apatridie à l’acquisition éventuelle d’une nouvelle nationalité offerte par un pays d’accueil. Une avancé a été faite, par une décision du Comité des droits de l’homme des Nations unies du 24 janvier 2020, dans laquelle il a été déclaré illégal pour un gouvernement de renvoyer un migrant dans son pays d’origine lorsque sa vie est mise en danger par le dérèglement climatique. Cette décision n’est toutefois pas contraignante et fait suite au problème de montée des eaux dans l’archipel des îles Kiribati. En effet, la République de Kiribati est considérée comme l’un des pays les plus à risque d’être rendu inhabitable par l’élévation du niveau de la mer. Le comité de l’ONU a jugé que cela pourrait se produire d’ici 10 à 15 ans. Néanmoins, François Gemenne chercheur en sciences politiques et directeur exécutif du programme politique de la terre à Sciences-Po explique que « les mouvements de populations ayant pour origine l’environnement ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité. En revanche, 85 % des événements climatiques extrêmes qui poussent les populations à l’exil sont désormais liés au réchauffement climatique. ». Ainsi, le réchauffement climatique est devenu aujourd’hui le facteur majeur de l’exode des réfugiés climatiques. Les solutions accessibles pour une meilleure prise en charge des réfugiés climatiques Malgré tout, le rapport Groundswell reste optimiste car d’après lui « lenombre de migrants pourrait être réduit de 80% (soit plus de 100 millions de personnes) »à condition que la communauté internationale redouble d’efforts pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Kristalina Georgieva, directrice générale de la Banque mondiale, estime que ce rapport est un avertissement car il est encore possible d’agir mais que cela ne sera bientôt plus le cas. Elle explique également qu’ « il est important d’aider les gens à faire le bon choix entre rester là où ils vivent ou se déplacer là où ils seront moins exposés aux dérèglements du climat. ». Une des autres solutions envisagées est une meilleure prise en charge des réfugiés climatiques par le droit international. En effet, actuellement, il persiste un flou autour de la définition car les facteurs à l’origine des migrations sont multiples et interdépendants. Il est alors difficile de nommer correctement les mouvements migratoires. Cette difficulté s’explique également par une divergence quant à la classification. En effet, Francois Gemenne plaide pour une approche globale des flux migratoires sans « catégoriser » les réfugiés alors que l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) estime qu’au contraire une différenciation est notamment nécessaire entre « réfugiésclimatiques » et « migrants climatiques » au regard des obligations internationales. En effet, la reconnaissance du statut de réfugié permet de plein droit une protection absolue avec la délivrance d’un titre de séjour, ce qui n’est pas le cas avec le statut de migrant. À l’heure actuelle, la convention de Genève signée en 1951 exclut les réfugiés climatiques. Toutefois, les choses évoluent car la Suisse et la Norvège sont à l’origine de l’initiative Nansen adoptée par 109 États en octobre 2015 qui définit un « agenda de protection » en construisant un cadre légal international. L’objectif de cette initiative est d’améliorer la protection des personnes qui sont dans l’obligation de quitter leur pays pour des raisons environnementales. Actuellement, la Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes naturelles travaille au suivi et à la mise en œuvre de cet Agenda de protection. Quelques récentes illustrations de crises climatiques Pour faire référence au récent article du 24 février 2020, à propos de la crise humanitaire au Sahel, le Comité International de la Croix Rougeconstate en mars 2019 que dans cette partie du monde « les températures augmentent 1,5 fois plus rapidement que la moyenne mondiale » et que par conséquent « cette situation menace les millions de personnes qui dépendent de l'élevage et de l'agriculture pour survivre. ». C’est également ce qui passe en Amérique centrale où les familles cultivent et se nourrissent de leur propre nourriture et dépendent donc indéniablement des cycles de culture saisonniers comme le rappelle l’article du 03 janvier 2020 à propos de la sécheresse en Amérique. Selon l’évaluation de la sécurité alimentaire d’urgence « 8% des familles ont indiqué qu'elles allaient recourir à la migration qui est classée comme une stratégie d'adaptation extrême. ». Enfin, il est important de mentionner les récents incendies ravageurs auxquels ont été confrontés l’Amazonie et l’Australie. En effet, en Australie, des milliers d’habitants ont dû être évacués temporairement car les flammes ont détruit 84 000 km²4 mois. Pour ce qui concerne l’Amazonie, les peuples indigènes ont été une nouvelle fois menacés. Pour plus d’informations sur la menace des peuples indigènes, rendez-vous le 13 avril 2020 pour un nouvel article à ce sujet.

Ambre Laforge

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