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SOUDAN DARFOUR : LA CRISE CONTINUE

Frappé de plein fouet par une crise économique, le régime soudanais fait aujourd’hui face à une vague de contestations sans précédent.

Porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1989, le Président Omar el-Béchir est, depuis 2009, le premier chef d’Etat en exercice à faire l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale (CPI) suite à des exactions commises au Darfour.

L'année 2018 est marquée par des manifestations qui ont éclaté dans tout le pays face à l’annonce du gouvernement de multiplier par 3 le prix du pain. Ces manifestations ont été durement réprimées. Déjà fortement affaibli économiquement par la prise d’indépendance du Soudan du Sud -partie qui représentait à elle seule 3/4 du territoire et qui disposait ainsi de 80% des réserves en pétrole du pays- cette mesure ne rend que plus difficile la vie des soudanais, malgré les prévisions optimistes officielles. Le pays a connu une inflation de plus de 70% et le gouvernement a dévalué sa monnaie 3 fois. Le gouvernement continue cependant de consacrer 80% du budget du pays à la sécurité pour maintenir son régime qui doit faire face aussi bien aux rebelles du Darfour qu’aux contestataires dans tout le pays.

Des manifestations ont ainsi lieu quotidiennement dont certaines sont organisées en soutien aux victimes du conflits au Darfour. L’un des slogans de ce mouvement est « liberté, paix et justice ». Depuis 2003, cette région fait l’objet d’un conflit entre le gouvernement et les rebelles. Plus de 300 000 victimes et 2,5 millions de déplacés sont à déplorer depuis le début du conflit. Une enquête de la CPI est ouverte, notamment pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crime de génocide. Un accord de principe a cependant été trouvé entre les autorités locales et deux mouvements rebelles (le mouvement Justice et Égalité et la faction de l'Armée de Libération du Soudan - Menni Menawi). A terme, le gouvernement soudanais souhaiterait en finir avec ce dossier avant les élections parlementaires et présidentielle de 2020. Cependant, les conflits entre les autorités et les rebelles se poursuivent, bien que les violences contre les civiles aient diminué.

La multiplication par 3 du prix du pain n’est qu’un des symptômes de la profonde crise économique que traverse actuellement le pays. Cette dernière se caractérise par une augmentation significative des produits de base, ainsi qu’une pénurie de carburant. Elle aggrave par ailleurs la crise humanitaire au niveau notamment des conditions d’accès aux services primaires tels que l’eau, l’électricité, l’assainissement ou encore l’éducation. Selon l’Unicef, de nombreuses familles sont confrontées à une faim extrême. Un enfant sur six souffre de malnutrition et une personne sur 20 souffre de la plus grave forme de malnutrition pouvant être mortelle.

Dans les zones de conflits la situation est particulièrement préoccupante. En effet, depuis la crise du Darfour, le Soudan doit faire face à 2,8 millions de déplacés dont une bonne partie vie toujours dans des camps de réfugiés tandis que le conflit affecte également le Kordofan méridional et le Nil bleu. Ces derniers dépendent directement de l’aide humanitaire pour répondre à leurs besoins fondamentaux. Des centaines de milliers d’enfants restent par ailleurs déscolarisés au Soudan, et tout particulièrement dans ces zones.

Le Soudan est le pays d’Afrique qui accueille le plus grand nombre de réfugiés: 923 000 au total cette année. Cette situation constitue un défi pour le Soudan dont la situation économique et humanitaire est plus que fragile et où des conflits subsistent. Ajoutant à cela le problème du dérèglement climatique qui se manifeste par le biais de sécheresses ou a contrario d’inondations. Ainsi des sécheresses menacent plus de 19 millions d’hectares de terres agricoles et donc les moyens de subsistances des populations locales. Au niveau des inondations, celles-ci sont tout aussi inquiétantes.

Sur place l’action des ONG telle que Care ou encore OXFAM consiste surtout à répondre aux besoins les plus urgents tels que les besoins sanitaires d'hygiène et d'assainissement. Si les services de CARE mettent ainsi en place des systèmes d’approvisionnement en eau potable et distribuent des articles sanitaires, ils fournissent également des soins médicaux et de l’aide aux enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition ainsi qu’aux femmes enceintes. Les services d’OXFAM quand à eux acheminent de l’eau potable par camion-citerne pour les populations déplacées, ainsi que la création de forage: le services d’assainissement veillent par ailleurs à ce que tous les camps disposent du matériel d’hygiène ainsi qu’à former et sensibiliser les personnes vivant dans ces camps sur ces questions.

Nous constatons donc que le Soudan reste un pays instable économiquement, politiquement et diplomatiquement malgré les efforts entrepris tant au niveau national qu'international, tandis que la situation humanitaire s'aggrave. Les défis sont nombreux, les crises persistent et la violence des conflits est toujours présente. La lumière au bout du tunnel est encore lointaine, très lointaine...

Ugbad Banks

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