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Un lundi après-midi à la Cimade de Marseille

Tous les lundis après-midi, la Cimade de Marseille organise un accueil pour les demandeurs d’asile et les personnes sans ou en attente d’un titre de séjour. Nous sommes allées à leur rencontre. Des personnes de plusieurs nationalités sont accueillies autour d’un thé ou d’un café par des bénévoles pour partager un moment convivial avant de voir les juristes pour un suivi individuel de leur dossier administratif. Tous ne parlent pas français mais ceux qui parlent plusieurs langues assurent la traduction. Au-delà du simple accueil administratif, il y a une réelle envie de rassembler les gens, de créer un lien social et de sortir de l’entre-soi, de sa communauté. La discussion démarre sur la Cimade et ses actions. La plupart des présents sont venus sur les conseils de leurs amis ou d’autres associations. Au fil de la discussion, c’est une image positive de la Cimade qui ressort. L’association a été créée en 1939 pour venir en aide aux réfugiés français qui migraient du nord vers le sud de la France pour fuir l’occupation allemande. Aujourd’hui, elle accueille et accompagne les personnes réfugiées ou migrantes, quelles que soient leur origine, leurs opinions ou leurs convictions. La Cimade a également une action dans les prisons, propose des ateliers de langues et réalise des ateliers de sensibilisation dans les écoles. Ce lundi, un petit débat est proposé autour d’un flyer sur la journée internationale des migrants qui aura lieu dans toute la France le 18 décembre, « De l’exil à l’hospitalité ». Une personne intervient en décrivant l’hospitalité comme le fait d’être bien accueilli, de façon chaleureuse. Ce mot est traduit dans toutes les langues représentées dans la salle. Une autre discussion suit à propos de la phrase inscrite sur le flyer « la liberté de se déplacer sur notre planète et de s’y installer librement ». La réponse fait écho à une triste réalité : la liberté est conditionnée, il est dit que l’on peut aller partout mais il y a tellement d’obstacles que cela freine les gens. Les bénévoles nous confient ensuite que les débats autour de supports écrits ne sont pas les plus efficaces, car tout le monde ne maîtrise pas la langue. La discussion autour de photographies est beaucoup plus propice aux débats. Pour tous, la frustration est palpable. La Cimade n’a pas de pouvoir de décision sur l’issue des dossiers, ce qui crée une impression d’injustice pour les personnes en attente de régularisation. Il y a aussi un sentiment d’impuissance chez les bénévoles, qui nous confirment que dans la grande majorité des cas les demandes effectuées n’ont pas de réponse positive. La régularisation par le travail est souvent très difficile, comme pour cette famille qui travaille dans un hôtel depuis des années, sans obtenir de protection (juridique et sociale), ou cet homme à qui une bénévole explique que les tentatives de régularisation par le travail sont souvent vaines. Parfois la meilleure solution à adopter est de rester sur le territoire pendant une certaine durée sans se faire contrôler par les autorités. Un jeune homme voudrait pouvoir prolonger son droit à la Couverture Maladie Universelle et obtenir des titres de transports à un prix avantageux. Il nous confie qu’il n’a pas de titre de séjour, que des amis lui ont suggéré de se marier pour en faciliter l’obtention. Il s’insurge contre cette idée, refuse de considérer le mariage comme un moyen de régularisation. Un autre homme est là pour un ami, pour se renseigner sur les modalités d’appel des décisions administratives. Il est déjà très informé et ne veut que confirmer ce qu’il pense savoir. Dans l’ensemble, les gens sont tout de même heureux d’avoir un forum de discussion et d’écoute. Lors des rendez-vous individuels, les juristes prennent le temps d’examiner chaque situation, même s’ils doivent faire en sorte de recevoir tout le monde dans l’après-midi. Au moment où nous partons, une femme qui connaît bien les ateliers du lundi semble vouloir nous dire beaucoup de choses sur son parcours et sa situation actuelle. Faute de temps, nous décidons de laisser un cahier où chacun pourra témoigner des obstacles auxquels il a été confronté mais aussi des expériences et des rencontres positives depuis son arrivée. Les informations recueillies seront publiées ici dans les mois à venir.


Pauline Gagliardini et Marion Dumontet

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