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Léna Riso de Santos

VIE ÉTUDIANTE ET INFLATION : COMMENT LES ÉTUDIANTS FONT FACE À LA HAUSSE DU COÛT DE LA VIE ?

Depuis la période pré-covid, l’inflation grimpe en flèche, ce qui affecte l’ensemble de la population française. Mais les étudiant.e.s, déjà sous pression financière, subissent de plein fouet cette hausse des prix, que ce soit pour se loger, se nourrir ou se déplacer. Selon l’UNEF (Union Nationale des Etudiants de France), l’année 2023 a entraîné une augmentation de 6,5 % du coût de la vie étudiante. Dans ce contexte économique tendu, comment les jeunes tentent-ils de survivre au quotidien, et quelles sont les perspectives pour le futur ?


Une précarité qui monte en flèche

La crise inflationniste, notamment causée par des événements comme la guerre en Ukraine ou la crise du Covid-19, a induit une hausse générale des prix. La France a donc connu une nette augmentation du coût de la vie au cours des derniers mois, portée notamment par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Pour les étudiant.e.s, cela se traduit par des dépenses incompressibles. Dans les grandes villes universitaires comme Paris, Lyon ou Bordeaux, les loyers sont devenus inabordables pour de nombreux étudiant.e.s, avec par exemple une augmentation de 2,5% des loyers dans la capitale en 2024. Prenons un autre exemple avec les frais liés à la santé, frais dont les étudiants préfèrent maintenant se passer. Selon la Mutuelle des étudiants (LMDE), « en un an les dépenses liées à des consultations ont augmenté de 18 %, les dépenses pharmaceutiques ont augmenté de 17 % et les dépenses d’optique ont augmenté de 10 % ». 


Une étudiante de Clermont-Ferrand ne peut plus assurer que 3 jours de courses avec 20 euros.

Un contexte sociopolitique marqué

La crise inflationniste a permis de remettre sur le devant de la scène la question du soutien accordé à la jeunesse par le gouvernement français. Plusieurs mesures ont été annoncées pour soulager les foyers les plus modestes (chèque énergie, bouclier tarifaire sur le gaz, etc.), mais les organisations étudiantes estiment que ces dispositifs demeurent insuffisants et surtout mal adaptés à la réalité de la vie universitaire alors que l’inflation touche en grande partie aussi les étudiants. L'Union étudiante et l'UNEF demandent l’instauration de mesures concrètes pour enrayer cette crise comme “la mise en place d'une allocation d’autonomie, l'abrogation des frais d'inscription différenciés pour les étrangers, le repas Crous à 1 euro pour tous, ou encore la gratuité des transports publics”.


La situation est d'autant plus urgente car cette précarité qui touche une grande partie des étudiants affecte directement la réussite universitaire. Beaucoup de jeunes doivent travailler pour financer leurs études et assumer leurs dépenses courantes, certains obligés de sauter quelques repas. L’UNEF estime en effet que plus de quatre jeunes sur dix sautent régulièrement un repas pour limiter leurs dépenses.


« Je me suis retrouvée trois fois à la rue l'année dernière, virée trois fois de mon appartement. Là, j'en ai un nouveau et j'espère, je croise les doigts pour que le loyer soit payé à temps, que les bourses soient versées à temps »


Le quotidien de la débrouille

Malgré tout, la majorité des étudiant.e.s doivent composer face à l’inflation avec des solutions improvisées comme les jobs étudiants ou le recours au fait maison.


Petits boulots ou jobs étudiants : Beaucoup cumulent plus d’heures de travail à côté de leurs études, au risque de se mettre en difficulté pour leur réussite universitaire.  


Recours au “fait maison” : Cuisiner pour éviter les plats tout prêts ou la mal-bouffe qui coûtent souvent plus cher que le fait-maison.


Recours à la seconde main : Pour faire face à la hausse du coût de la vie, de plus en plus d’étudiants privilégient le recours à la seconde main, que ce soit pour leurs vêtements, leur mobilier ou leurs fournitures, afin de réaliser des économies et de limiter le gaspillage.


Des initiatives locales pour tenter d'aider les étudiant.e.s

Face à l’ampleur de la précarité, des solutions se mettent en place sur les campus et dans certaines collectivités. Dans plusieurs universités, les associations étudiantes ou caritatives proposent des produits alimentaires à prix coûtant ou gratuitement dans des structures comme les épiceries solidaires ou lors de distributions de colis offerts. Ces structures permettent de créer du lien social, tout en réduisant considérablement les dépenses mensuelles. 


En outre, le Crous, dont la tâche incombe de gérer les bourses sur critères sociaux depuis 1995, peut intervenir en accordant une bourse sur critères sociaux, aide ponctuelle pour permettre aux étudiants de payer leur loyer ou les dépenses courantes. Cette aide est critiquée car certains étudiants qui ne rentrent pas dans les « exigences » ne peuvent pas bénéficier de cette bourse alors qu’ils sont aussi dans le besoin. Enfin, certaines villes en France ont instauré le « revenu minimum étudiant » pour financer des achats de première nécessité.



Actions militantes et revendications

Associations, syndicats et collectifs d’étudiant.e.s organisent donc des rassemblements pour demander une revalorisation des bourses et un meilleur encadrement des loyers et plus généralement une refonte globale du soutien à la vie étudiante. Des pétitions et lettres ouvertes circulent sur les réseaux sociaux pour interpeller le gouvernement sur la question de la précarité étudiante. L’une d’elles, lancée le 23 octobre 2024 par l’UNEF, concerne la suppression de la CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus) et est actuellement signée par plus de 27 000 personnes mais n'a pas encore atteint le nombre requis de 35 000 signatures.


Ce qu'il faut retenir

L’inflation a renforcé la précarité des étudiant.e.s en France, ce qui rend de nombreux postes de dépense (logement, transport, alimentation) encore plus difficiles à assumer. Alors que cette hausse des prix semble durable, la “génération Covid et inflation” devra sans doute continuer à faire des concessions. Mais à travers leurs mobilisations et leurs idées novatrices, les étudiant.e.s font entendre leur voix pour que leur avenir ne soit plus synonyme de sacrifices.


Léna Riso de Santos


Image © - FTV / Manale Makhchoun © - Anna Wanda Gogusey

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